La tournée européenne de la Formule 1 est terminée, mais le dernier tiers de la saison s’ouvre ce week-end avec le Grand Prix d’Azerbaïdjan, premier d’une série de huit courses loin de nos bases.

 

 

Les camions ayant transporté l’équipe à travers l’Europe sont désormais stationnés jusqu’à l’an prochain, et tout voyage de septembre à décembre s’effectuera par fret.
Si les monoplaces, groupes propulseurs, pièces détachées et tout l’équipement essentiel du garage sont expédiés par avion en suivant le calendrier de Bakou à Abu Dhabi, un programme de fret maritime plus complexe existe en parallèle.

 


Comme d’autres écuries de F1, avec le coût et les implications logistiques du fret aérien, nous en envoyons autant que possible par bateau à chaque course lointaine. Ce processus nécessite une planification minutieuse.

 

 

L’équipe possède ainsi plusieurs ensembles d’équipements qui voyagent à travers le monde, se chevauchant les uns les autres.

 


« Un ensemble de fret maritime comprend tous nos éléments lourds et volumineux afin d’atténuer le coût du fret aérien », explique Rob Cherry, chef d’équipe. « Dans notre cas, cela inclut tous les panneaux de garage, les portiques et murets des stands, les chaises, les tables… Cela fait sens de reproduire tout ce qui est relativement peu coûteux et lourd pour l’intégrer au fret maritime. C’est un incontournable compte tenu des prix actuels du fret aérien. »

 

 

Un ensemble de fret maritime se compose de quatre conteneurs standard et un tiers, le tout soigneusement préparé dans une configuration planifiée.

 

 

« Le chiffre semble un peu étrange, n’est-ce pas ? », admet Rob. « Vous payez pour le volume dans le conteneur. Vous pourriez vous dire que s’il m’en faut plus de quatre, je n’ai qu’à en prendre cinq. Cependant, les compagnies de transport vendent l’espace d’un conteneur, donc nous prenons ce dont nous avons besoin, et quelqu’un d’autre utilisera le reste. Tout est cloisonné et séparé. Une grande partie de notre fret maritime voyage dans ce que nous appelons des stalles. Ce sont des versions plus lourdes de cabanes de fret aérien. Elles sont généralement en acier, fermées par des couvercles. »

 

 

Ces stalles sont soigneusement rangées dans un ordre précis, reproduit à la fin de chaque week-end de course.
Un détail intrigant est le fait de répartir méticuleusement le fret entre les opérations de course et le marketing pour se conformer au règlement financier de la FIA et au plafonnement des coûts. Le premier est régi par le plafond et doit donc être comptabilisé alors que les coûts marketing en sont exempts.

 

 

« Cette séparation est due au côté financier vis-à-vis du plafonnement des coûts », explique Rob. « Une partie est consacrée à l’équipe de course et une autre au marketing. Les éléments pour l’hospitalité, la restauration et les autres activités de marketing sont dans deux conteneurs, les deux autres et un tiers relèvent de ce que nous considérons comme l’équipe de course. C’est du matériel opérationnel, les murets des stands, le garage et d’autres équipements. »

 

 

Alors pourquoi l’équipe a-t-elle besoin de plusieurs ensembles de fret maritime ? Pour vous donner une idée du fonctionnement, les quatre premières épreuves du calendrier 2024 (Bahreïn, Arabie saoudite, Australie et Japon) en ont vu quatre ensembles différents être employés.

 

 

Lors de la cinquième manche en Chine, l’ensemble qui avait quitté Sakhir six semaines plus tôt a été utilisé pour la deuxième fois. Puis pour Miami, de l’autre côté du monde, un autre était présent. Ils voyagent aussi par la route lors des courses européennes, donc un sixième ensemble a commencé sa saison à Imola et la finira au Qatar.

 

 

L’objectif est d’axer le calendrier de chacun sur une région. Ainsi, l’ensemble de Miami est ensuite allé au Canada, puis il sera à Austin et Las Vegas. Celui de l’Australie sera à Singapour, puis lors de la finale à Abu Dhabi. Et celui de ce week-end en Azerbaïdjan a servi pour la dernière fois à Suzuka.

 

 

Outre les économies évidentes, l’utilisation du fret maritime offre également un atout temporel en nous donnant une longueur d’avance sur le plan de la préparation des garages et des structures d’hospitalité sur chaque site.

 

 

« Avec toutes les doublettes et triplettes, il est très utile d’avoir un autre ensemble qui se rend en avance dans le pays », explique Rob. « Par exemple, nous serons en Azerbaïdjan alors que notre fret maritime est déjà en route vers Singapour. Cela nous permet d’avoir des gens arrivant par avion à Singapour le vendredi et prêts à travailler dès samedi pour commencer l’installation alors que nous sommes à Bakou. »

 

 

« Cette équipe mêle des employés d’Enstone et des sous-traitants. Toute notre infrastructure électrique, la majeure partie de notre infrastructure informatique ainsi que le bureau d’ingénierie peuvent être préassemblés et installés à l’avance. Nous n’aurions pas ce luxe si tout était transporté par fret aérien. Quand ce dernier quitte la dernière course, nous nous concentrons uniquement dessus. Ce sont les dernières pièces, le côté technique et l’équipement de grande valeur... Toutes les choses que vous ne pouvez tout simplement pas reproduire. »

 

 

À la fin de l’année, les ensembles de fret maritime sont répartis sur trois sites dans le monde. Certains resteront à Dubaï durant l’hiver, d’autres à Houston et le reste retrouvera l’entrepôt de stockage de l’écurie à Witney (Royaume-Uni). Ils ne seront toutefois pas délaissés jusqu’au début de la saison 2025.

 

 

« Nous faisons également leur entretien », explique Rob. « Ils en ont besoin, comme tout. Nous prévoyons cela en ce moment. Nous enverrons une équipe à Dubaï pendant l’hiver. Ils déchargeront tous les ensembles, les auditeront et effectueront les modifications ou réparations nécessaires. Nous documentons les éléments endommagés au fil de l’année. Certains doivent être réparés immédiatement, d’autres peuvent attendre. Cela devient délicat lorsque vous commencez à faire des choses comme changer la palette de couleurs de tous les panneaux de votre garage. Nous devons donc être prudents, car nous pouvons nous-mêmes nous embrouiller ! Puis nous ferons la même chose pour ceux basés à Houston. Nous enverrons une autre équipe en Amérique pour le faire. »

 

 

Il est plus économique d’envoyer des gens effectuer l’entretien hivernal que de rapporter les équipements au Royaume-Uni.

 

 

« Cela peut sembler un peu extrême », admet Rob. « Mais le coût de l’expédition de ces équipements reste énorme. Le fret aérien est extrêmement cher, mais le maritime l’est aussi. Il est plus rentable de le laisser là-bas, et je pense que c’est quelque chose qui commence à devenir de plus en plus courant chez les autres équipes aussi. »

 

 

La F1 est un secteur compétitif, mais le fret est un domaine dans lequel les équipes partagent des informations sur les moyens les plus efficaces pour déplacer leurs équipements.